Comptes

Sur le site « Le Radeau des Médusés » créé par Florence Noël et à découvrir, en hommage aux migrants   >>>. 




Il ne manque plus que mille mille
euros mille ajoutés aux milliers de plus et cédés
par les dizaines de villages qui de la terre
nourrissent cent rêves. Deux, trois fois mille
mètres jusqu'à la terre nouvelle, une
côte, un bras dans la mer surenchérie
qui gonfle toutes les dix secondes, cinq fois
dix fois deux se trouvent sur la barque de deux
fois quelques mètres qu'on ne compte pas.
Millions les regardent les yeux fermés
semblables à une mer sans fond de plusieurs
millions d'années où d'innombrables milliers
lancent plusieurs centaines
de soupirs mais de quel côté sont-ils ceux
qui fixent la mer et comptent sur le destin
au visage humain qui ne porte que le chiffre un.

Nous sommes passés...

Nous sommes passés un jour d'égarement
entre le magnolia et le chant des abeilles
le cœur à l'arrêt -l'était-il- les yeux fixés sur
la petite porte de l'enclos pris du vertige qui nous ôtait
de la terre. A mi-voix sans le dire nous revenions
aux considérations qui nous faisaient vieillir :
la mesure de la propriété sa surface le nombre incalculable
de pas l'amour intangible semblable à la forme
de la fleur et les ailes des insectes aussi légères
que la mort avec son mètre butineur de toi à moi


Paru dans la revue Europe, novembre-décembre 2015.

L'effraie...

L'effraie regagne le tronc le jardin se retourne
Sur la terre à la lumière des ombres zèbres
les cailloux se détachent puis se remplissent
les flaques sont sèches tout à coup de l'irrégularité
de la semaine les lacs portent leur fond
où erre le regard quel que soit le jour promis
Au pied des ceintures sombres vues sans sommeil
poussent ces haies citadines dont les feuilles
donnent déjà l'étendue d'une macule c'est en elle
que s'étend sans le corps la conscience de rester


Dans la revue Europe, n°1039-1040 (novembre-décembre 2015).

NB : ce poème fait désormais partie du recueil AVANT D'APPARAÎTRE, paru aux éditions Unicité en janvier 2020.

Trois poèmes de "Le chasseur immobile".

Forte saison

Trois heures déjà que je me suis levé
que les masses noires peinent à devenir
des toits. Au pied des murs où s'accrochent
enfin les escaliers maladroits
j'ai parlé avec toi
il y a quelques nuits
tentant de reconnaître ta présence
avec des mots qui t'auraient fait rire
dans ces minutes soufflées
par l'approche de la forte saison.



Pendant

Dans le temps qui roule
sous les parasols du marché
parmi les traits de foule rompus
sur les quais à errer à frôler
la nervure métallique au-dessus de
Le Citron Garela gare, ici même où viennent où partent
les ombres vues à travers les vitres, nous
cherchons un moyen de transport.
Nous ne resterons pas quelle heure est-il
quel moyen nous emportera en dehors



Fabrique

Tu me parles : c'est le bruit
de tes talons sur
le carrelage.
A chaque rainure du sol
que je fixe par le carré de l'habitude
je dialogue avec
la nervure du dessin
issu d'une usine lointaine,
respire avec le fabriquant
haletant et reste de faïence
jusqu'à ce que cède la carreau cuit
quand tu claques la porte et
que je te suis des yeux à travers les murs.


Le chasseur immobile, illustré par Sophie Brassart, Le Citron Gare, juin 2014.


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