Dérouter


Nous allons rouler jusqu'à la nuit
la plus proche, nous déposséder
de ce qui rend nos maisons sinistres.
Nous trouverons
nos peines animales attachées un temps
puis libérées en nous pendant que nous avançons.
Nous n'appartenons plus à aucune ville,
à aucun de nos amis fidèles, nous regagnons
la nuit qui attend entre les luminaires dressés
comme des vigies au bord d'une frontière. Nous
ne rentrerons plus, nous serons plus humains
un jour ou l'autre. Avec le son de la radio
dans l'air frais et nos visages qui durcissent, nous
allons entrer dans la nuit. Le jour viendra
comme un souffle éclairé donné par une allumette
dans nos mains loin du volant.



Extrait de « Nous, les choses... », un ensemble de textes paru dans Les Carnets d'Eucharis (version papier), n°2, février 2014.




















Rentrer


Je rentre :
j'ai fini de sortir
d'accabler mon sort
aux lignes de bus, seuls
méridiens de la perspective.
L'imaginaire mélopée de la radio
traverse ma cuisine, loin
de la ville, loin des murs
dans ce lieu de quelques
centimètres carrés où l'itinérant
reste parfois attentif à ce qui ne se passe pas.

Heure creuse


A cette heure creuse l'énergie ne coûte
que le tiers du plein. La joie de vivre
à moindre frais éclaire un instant ce qui
s'agite. Le deux pièces d'une mansarde
est d'un chant citadin et l'on ne se voit
qu'en des instants de crise lorsque le mot
est bradé et la peine reléguée.

Extrait de Poupée russe.

Dans la revue Acantilados de papel

Selección poética de Fabrice Farre


1. Sin título
Dime lo que piensas (me pregunto), mientras
se ilumina la Pirámide. La memoria no es ni
un museo, pero la visito cada día en cada hora;
no tiene cuadros tampoco, pero sigo viendo
las líneas de esas caras, en las del tiempo.
Pues, el vidrio claro en el cielo de París tiene
toda la voluntad de erguirse en tu vida, y
hablo sin abrir la boca (mirándote), hijo.

2. Tú, ciudad.
El nombre que tienes, el que perdí
bajo un bateau-mouche,  la noche que llevas
en los lomos de piedra romana, la hora
que busco en esa edad de diez por dos más cinco (creo).
El hombre pasa, es el que fui por supuesto, subiendo
la calle Genova de Chantilly, donde una loca toca el acordeón,
diciendo y repitiendo que iba a huir el que está en su casa
pero no el que vive ahora, en este dormitorio donde no hay
ni agua, ni barco, sino la canción del nombre exacto del descamino. 



Image

KENNE Grégoire : "Intimiteiten"
La tasse est vide et son fond
oblique, dans le triangle
de la table en perspective
je suis habillé de cette chair
aux bras nus comme elle.                                        
Nos têtes s'enfouissent
l'une dans l'autre, nos cheveux
pratiquent la fusion du noir
et pour parler il faut quitter
le tableau, faire revenir à eux
les objets qui se sont oubliés par amour.

Osiris n° 80

43 années (1972-2015). Etats-Unis.

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